lundi 1 juillet 2013

Réflexion sur la pratique sportive actuelle.” B.Paris”


Dans quelques heures sera donné le départ du 100ème Tour de France mais se pose encore et toujours la récurrente question du dopage .Le populaire et valeureux Laurent Jalabert , sorte d’icône d’un cyclisme aseptisé, défraye la chronique car ,sur la base d’un contrôle réalisé en 1992 mais rendu public aujourd’hui, des traces d’EPO ont été trouvées dans ses urines. Jalabert dopé ! Nouveau coup de tonnerre relançant toutes les polémiques sur la problématique suivante : le sport , notamment de haut niveau, est-il possible sans le recours à des formes de dopage ? Lance Armstrong, dans une interview publiée hier, déclare tout de go : «  on ne peut pas gagner le Tour sans dopage » (sous-entendu, tel que défini par les instances sportives).
Depuis l’affaire Festina ( 1998), le cyclisme, notamment, est dans le collimateur des contrôleurs. Vécu comme un acharnement à leur encontre les coureurs protestent, font un déni de la réalité et argüent de leur bonne foi et de l’impérieux respect de l’éthique sportive quand ils sont déclarés positifs. Ensuite, des investigations plus poussées recalent leurs déclarations……pouvant les confondre.

Le sport moderne nait et se développe depuis le milieu du 19ème siècles (JO…)sur la base d’une idéologie de plus en plus incompatible avec la réalité du terrain : celle d’un spectacle orchestré par des instances spécialisées et joué par des sportifs au profil d’intermittents ( du spectacle) dont l’objectif est de gagner des médailles transformables en monnaie sonnante et trébuchante . Les nations sont, elles aussi ,des acteurs dont les objectifs sont politiques : reconnaissance internationale, validité d’un système….Le sport n’est rien en soi ; il est ce que nous en faisons. Liberté ou aliénation, c’est selon.
Pierre de Coubertin et les thuriféraires d’une conception du sport comme moyen mis au service de valeurs humanistes dont le serment olympique est le symbole sont, de plus en plus, semble-t-il, en porte à faux avec le spectacle et ses contraintes économiques .
Le spectacle et le public l sont au RV des grandes manifestations Les exigences du public et des producteurs sont telles que les sportifs doivent se soumettre à des préparations soumettant le corps et l’ensemble de la personnalité à des charges de travail souvent peu compatibles avec la santé et le désintéressement matériel et financier. La logique compétitive pèse de tout son poids : obtenir les meilleurs résultats possibles dans les joutes du stade car c’’est à l’aune de ses performances que le sportif sera rétribué et honoré. Les lointains héros du stade d’Olympie ( Platon fut champion olympique de lutte) cherchaient déjà des moyens d’augmenter anormalement leurs capacités en buvant, qui du sang de taureau ,qui du sang de gazelle…EPO, anabolisants et autres corticoïdes de l’époque. Tout vainqueur avait droit à des avantages financiers et à une statue dans sa cité.
La liste des «  tricheurs » s’allonge chaque jour ( que veut dire tricher si tout le monde triche ?), les records sont battus régulièrement, le spectacle est toujours renouvelé ,les spectateurs répondent présents…….quelques idéologies( sport-santé, sport-valeurs) ont perdu de leur éclats. Cette réflexion ne concerne pas le sport éducatif (EPS scolaire, associations diverses….) mais le sport-spectacle qui est de même nature philosophique que tous les arts d’expression( cinéma, théâtre, littérature…peinture…). Faut-il condamner et jeter aux orties les poèmes de Rimbaud au motif que la mescaline n’est pas étrangère à la création du «  Bateau ivre » ?
Bernard Paris samedi 29 juin 2013